Versailles ! le film

Publié le par Cyriaque

Le titre choisi peut sembler déconcertant, une fois vu le film: A part quelques magnifiques prises de vue à la pièce d'eau des Suisses, ou encore autour du Grand Canal, qui mettent surperbement en valeur le Château et ses environs, le film aurait tout aussi bien se dérouler dans une autre ville:

Tourné sous forme d'un huis-clos pour une bonne partie, entre un enfant abandonné par sa mère (Enzo-Max Baissette), et un SDF (Damien- Guillaume Depardieu) en voie de rédemption, le thème central du film tourne autour de la vie d'infortune que mènent les "sans domicile fixe", ici survivants du mieux qu'ils peuvent dans une cabane en bordure de bois.

Alors peut-être faut-il y voir une touche d'ironie de la part du réalisateur Pierre Schoeller, prenant le contrepieds de la notion de luxe et de faste associé ordinairement au nom "Versailles".

Peut être aurait-il fallu suivre le conseil d'Umberto Eco qui recommande que "les titres les plus respectueux du lecteur (spectateur) sont ceux qui se réduisent au seul nom du héros éponyme, comme "David Copperfield" ou "Robinson Crusoé"".

Ainsi "Enzo" ou "Damien" aurait pu être le titre plus proche du contenu du film, ou encore une allusion à la vie de nomade comme le titre :"Sans toit ni loi" d'Agnès Warda, qui racontait le road-movie tragique d'une SDF campée efficacement par Sandrine Bonnaire.

Mais l'essentiel n'est pas là. Dans ce très bon film, domine surtout un jeu d'acteur époustouflant entre un Guillaume Depardieu flamboyant dans le role d'un écorché vif, touché par un sentiment paternel, et Max Baissette petit ange au naturel émouvant.

Le réalisateur arrive à nous faire toucher du doigt la grande difficulté de dialogue entre ceux qui sont descendus dans la rue et leurs contemporains, qui tentent de les aider au mieux. Une éducatrice, parle dans le film, des longues années de reconstruction nécessaires, après ces pénibles descentes aux enfers que constituent la vie au dehors.

La violence, la misère, le sordide quotidiens, aussi les moments de gaiété et de tendresse partagés dressent un tableau réaliste et profondément humain de ces déracinés de la vie.

Sans larmoyer, mais sans enjoliver non plus, Pierre Schoeller nous interpelle avec ce film coup de poing, qui nous remue et nous invite à nous demander ce que nous pouvons faire pour ces 900 000 personnes, en France, vivant dans des conditions aussi précaires que les héros du film.

Ce campement évoqué dans les bois juste en bordure de la pièce d'eau des Suisses a bien existé, Pierre Schoeller explique qu'il a eu l 'occasion de rencontrer certains de ces "campeurs", et qu'il a voulu apporter son regard et donner la parole à ces oubliés de notre temps .

Publié dans Menus Plaisirs

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
F
"c'est un petit bonheur, que j'avais ramassé..."<br /> Tu m'as donné envie d'aller le voir finalement (méfiant sur un titre un peu racoleur).<br /> Merci
Répondre